Suite réunion OMS sur la grippe aviaire du 08/11/05

Publié le par ryback

GENEVE (AFP) - mardi 08 novembre 2005 - 19:03

Sans système de détection fiable, la crise de la grippe aviaire ne pourra pas être surmontée et l'humanité s'expose à de nouvelles menaces de maladies émergentes, ont averti mardi les experts réunis à la conférence mondiale de Genève.

"Une détection rapide est cruciale, pas seulement chez les animaux, mais également chez les humains", a résumé le Dr Joseph Domenech, vétérinaire en chef de l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à l'issue des travaux du jour.

Les quelque 400 experts réunis à Genève s'accordent maintenant, deux ans après le début de l'épizootie du virus H5N1 en Asie du sud-est, pour mettre l'accent sur le contrôle de la maladie à la source, chez les animaux, afin de réduire la probabilité d'une pandémie humaine.

Mais, pour cela, il faut que "tous les pays soient capables de détecter la maladie" et d'agir très rapidement contre une infection, a souligné le directeur général de l'Organisation internationale de la santé animale (OIE), le Dr Bernard Vallat. Et il est également essentiel que toute information sur les cas d'infection humaine soit "rapidement partagée", de façon à avancer le plus possible les travaux préparatoires pour un vaccin pandémique, ont assuré les experts.

En outre, même si les actions pour lutter contre la grippe aviaire chez les animaux ont été clairement identifiées (abattage des volailles dans les élevages infectés, vaccination autour de ces foyers et dans les zones endémiques, isolement des élevages pour empêcher les contacts avec les oiseaux sauvages), il reste le facteur inconnu de propagation que représentent les oiseaux migrateurs.

Aussi vaut-il mieux prévoir de "vivre à long terme avec le virus" H5N1, estime le Dr Domenech. Faute d'un système d'alerte fiable, son collègue de l'OIE prédit que "nous devrons sans arrêt courir derrière de nouvelles crises", que les experts annoncent inévitables avec la multiplication des échanges mondiaux, propices à un échange et un brassage de virus en mutation constante.

Pour tous les pays qui ne disposent pas de réseaux vétérinaires de qualité, l'OIE a proposé mardi la création d'un fonds mondial, associant organisations internationales et secteur privé.

L'organisation souhaite y travailler avec la FAO et l'Organisation mondiale de la santé (OMS, chargée de la santé humaine),"en étroite association" avec les agriculteurs, industriels de l'agro-alimentaire et de la distribution qui ont tout intérêt à prévenir les crises.

C'est également une préoccupation majeure de l'Afrique, destination privilégiée des oiseaux migrateurs potentiellement porteurs du virus H5N1. Le continent, où prédomine l'élevage traditionnel dans les basses-cours et la commercialisation de volailles vivantes sur les marchés, "réunit les conditions d'un scénario catastrophe", a rappelé le directeur du bureau interafricain des ressources animales de l'UA, Dr Modibo Traoré.

Bien qu'aucun cas de grippe aviaire n'ait encore été rapporté en Afrique, l'UA veut notamment créer une équipe régionale d'experts de façon à étendre la surveillance aux 23 pays qui en sont dépourvus, qu'ils sortent de conflits ou soient en état d'instabilité chronique comme la Somalie, le Libéria, le Rwanda ou la République démocratique du Congo.  "Aucun pays ne doit être laissé au bord de la route", a souligné le Dr Traoré, qui estime les besoins de l'UA à 46 millions de dollars.

L'UA veut aussi créer un fonds d'urgence, consacré en partie au dédommagement des paysans dont les animaux seraient abattus. Plus de 120 pays ne disposent pas d'un système d'indemnisation approprié. Une ressource pourtant indispensable si l'on veut que les éleveurs signalent les oiseaux malades.

 

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